Meylan, une nature en ville en danger ?

Restitution de l’étude Ville-Parc réalisée par le collectif d’habitants issu du groupe de travail de la première CEM

Réunion publique
Mercredi 24 avril à 18h30
à la Maison de Quartier des Buclos

Voici le rapport de l’étude réalisée par le collectif d’habitants issus du groupe de travail Ville-Parc de la première Commission Extra-Municipale.

Au-delà du questionnaire réalisé à l’automne 2022 dans le quartier Buclos Grand Pré, nous avons collecté et étudié de nombreuses sources d’informations pour mieux comprendre les enjeux et les conséquences des documents d’urbanisme :
– les données de l’INSEE,
– les avis de la Mission Régionale de l’Autorité environnementale (Ministère de la Transition Ecologique) sur les modifications du PLUi,
– la cartographie des îlots de chaleur urbains produite par le projet MAPuCE (https://www.umr-cnrm.fr/ville.climat/spip.php?rubrique120 ) ,
– les bonnes pratiques en matière de gestion de la nature en ville publiées par l’association Plante & Cité (https://www.plante-et-cite.fr/ )

Mieux que le terme « Ville Parc », utilisé par le PLUi pour qualifier l’identité paysagère de la commune de Meylan, nous avons délibérément choisi celui plus large de « Nature en Ville » qui englobe les questions de paysage, biodiversité, gestion de l’eau, santé et adaptation au réchauffement climatique. Des questions critiques et d’actualité pour toute l’agglomération grenobloise.
Nous sommes pleinement conscients de la complexité des problématiques d’urbanisme, faite des tensions entre des objectifs contradictoires : une production de logements suffisante pour répondre aux besoins, la préservation et le développement de la nature en ville et la limitation de l’extension urbaine.

Néanmoins, la trajectoire actuelle de l’agglomération grenobloise nous inquiète, tant elle est déséquilibrée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
– en France métropolitaine, on a construit 1,50 logement supplémentaire pour 1 ménage supplémentaire entre 2009 et 2014, et 1,38 logement supplémentaire pour 1 ménage supplémentaire entre 2014 et 2020 (en légère baisse par rapport à la période précédente) ;
– dans la métropole grenobloise, on a construit 1,53 logement supplémentaire pour 1 ménage supplémentaire entre 2009 et 2014 (au niveau de la moyenne nationale), et 1,87 logement supplémentaire pour 1 ménage supplémentaire entre 2014 et 2020 (en forte augmentation par rapport à la période précédente).

Pourtant, cette trajectoire n’a pas résolu les problèmes réels de coût du logement, et n’a pas empêché la demande de logements abordables (dont les logements sociaux) d’augmenter.
Persévérer dans cette dynamique risque surtout d’éloigner la Métropole de la trajectoire ZAN (Zéro Artificialisation Nette), et de fragiliser l’adaptation du territoire métropolitain au réchauffement climatique.

C’est pourquoi nous avons transmis notre étude au Maire de Meylan bien sûr, mais aussi au Président de Grenoble Alpes Métropole, avec la demande suivante : Appliquer le principe de précaution en matière d’adaptation du territoire au réchauffement climatique et des risques prévisibles sur la santé publique qu’il induit, en mettant en œuvre rapidement une révision du PLUi qui le rende compatible avec le Schéma Régional d’Aménagement (SRADDET) et avec la trajectoire ZAN : un alignement avec la démographie observée (+ 0,2 % par an), une focalisation sur la réhabilitation de l’ancien, une prise en compte systématique des risques d’aggravation et/ou de création d’îlots de chaleur urbains par effet de canyon.

L’Autorité Environnementale l’écrit dans ses avis, l’agglomération du Grand Annecy le met en œuvre : une collectivité territoriale a la possibilité de réviser son PLU pour le rendre compatible avec le SRADDET, sans attendre la révision d’un SCoT ancien non encore mis à jour.

Nous faisons aussi un certain nombre de propositions concrètes au niveau communal pour renforcer la nature en ville :

  • Laisser systématiquement un espace réservé au végétal, arbres et arbustes en pleine terre, le long des voiries afin de renforcer et développer le maillage vert du territoire communal ;
  • Prendre en compte l’atlas de biodiversité de la commune dans le classement du patrimoine végétal du PLUi ;
  • Mettre en place des moyens de contrôle et de sanction pour mieux protéger les arbres des détériorations produites lors des chantiers ;
  • Mettre en œuvre un schéma directeur des eaux pluviales, sur la base d’un diagnostic du fonctionnement hydraulique du territoire communal ;
  • Renaturer la parcelle de la crèche des Buclos pour en faire une aire naturelle tampon en cas d’inondation par ruissellement ;
  • Mettre en place un système d’indicateurs environnementaux qui permette, comme le demande le code de l’urbanisme, d’identifier, à un stade précoce, les impacts négatifs du PLUi sur l’environnement et d’y remédier ;
  • Appliquer les principes de conception écologique et paysagère à tout projet d’aménagement, tout en impliquant les habitants, dès leur phase amont.

 

François Béraud, Aux Arbres Citadins !
Philippe Bodiglio, UQBGP
François Coudurier, AHCM
Jean-Yves Courcoux, UQBGP
Loïc Dalban Moreynas, AMPF
Marzia Gariglio Minazio, UQHM